Black screen is better

Une vie qui a du sens

written by Roger on 2025-12-04

Et si votre téléphone était le principal obstacle entre vous et une vie qui a du sens ?
Non pas parce qu’il vous rend addict (on le sait), mais parce qu’il détruit la possibilité même du rituel – et donc de toute forme stable, belle et gratuite. Byung-Chul Han explique pourquoi. »

Je relis La Disparition des rituels de Byung-Chul Han et une phrase me frappe de nouveau : les rituels stabilisent la vie parce qu’ils créent des îles de temps non productif, des gestes qui ne servent à rien d’autre qu’à être là.

Or le smartphone est l’anti-rituel absolu.

Un rituel, c’est un geste qui dit : « Ceci n’a pas besoin d’être utile pour avoir du sens. »
Un smartphone, lui, hurle l’inverse : « Si ça ne produit pas de donnée, d’attention ou de réponse immédiate, ça n’existe pas. »

Du coup on n’a plus de rites de passage, plus de seuils marqués, plus de moments où on accepte de ne rien « faire ». On a des stories qui expirent en 24 h, des playlists en aléatoire infini, des relations qu’on swipe. Tout est devenu événementiel, ponctuel, jetable.

Et pourtant le corps, lui, continue de réclamer des formes : se lever à la même heure, boire son café dans la même tasse, marcher jusqu’au même banc, allumer une bougie le soir. Des micro-rituels qu’on bricole en cachette, presque honteusement, comme des résistances minuscules à la grande déritualisation numérique.

Peut-être que la rébellion la plus radicale aujourd’hui, c’est de réintroduire de l’inutile magnifique.
Éteindre son téléphone avant le dîner.
Ne pas répondre après 21 h.
Reprendre le chemin long.
Répéter, sans poster.